Retour de résidence

Après six semaines de résidence, voici l’heure du bilan de cette expérience nouvelle pour moi. Il est, comme on dit pudiquement, « mitigé ». J’ai mis en ligne à intervalle irrégulier des comptes-rendus sur les réseaux sociaux durant toute la résidence. Je les retranscris presque tous chronologiquement ci-dessous avant quelques réflexions plus introspectives en guise de conclusion.

Jour 1: Mon lieu de villégiature pour ces prochaines semaines.

img_0094

Jour 5: Quand on teste « quelques paramètres vite fait à la main » parce que ça vaut pas le coup de créer une base de données pour des tests:

<img src='images/11.jpg' id='11' alt='11' data-sc='6' data-f='0' data-a='1' data-t='0'/>
<img src='images/8.jpg' id='8' alt='8' data-sc='4' data-f='0' data-a='0' data-t='1'/>
<img src='images/16.jpg' id='16' alt='16' data-sc='5' data-f='0' data-a='0' data-t='0'/>
<img src='images/5.jpg' id='5' alt='5' data-sc='4' data-f='1' data-a='0' data-t='0'/>
<img src='images/35.jpg' id='35' alt='35' data-sc='6' data-f='1' data-a='0' data-t='0'/>
<img src='images/17.jpg' id='17' alt='17' data-sc='5' data-f='0' data-a='0' data-t='0'/>
<img src='images/21.jpg' id='21' alt='21' data-sc='0' data-f='1' data-a='0' data-t='0'/>
<img src='images/9.jpg' id='9' alt='9' data-sc='2' data-f='0' data-a='0' data-t='0'/>
<img src='images/34.jpg' id='34' alt='34' data-sc='6' data-f='1' data-a='0' data-t='1'/>
<img src='images/27.jpg' id='27' alt='27' data-sc='1' data-f='0' data-a='0' data-t='0'/>

Jour 9: Imaginez un peu, mesdames et messieurs, une bande dessinée dont les cases, déplaçables, échangent tout ou partie de leurs propriétés et contenus lorsqu’elles entrent en collision? 9è jour de résidence du CLL: on en est là! (pour l’instant on se contente d’échange de couleur mais ça ouvre tellement de possibles narratifs!)

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Jour 12: Terminé un basique: un déplacement en essaims. Le rapport avec la bd numérique?… Imaginez qu’on attribue des comportements autonomes aux éléments qui constituent une bande dessinée: cases, bulles, personnages, décors… Je continue donc ma « collecte » de dispositifs-dont-je-ne-comprends-pas-que-personne-ne-s’en-soit-encore-inspiré-pour-faire-une-bd! Suite au prochain épisode… (Un soupçon de fierté: script entièrement conçu sans regarder aucun modèle ni emprunter de bouts de code, et pour moi, ça veut dire beaucoup!)

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Jour 14: Un document que vous ne lirez pas mais qui comporte une liste de 8 projets de dispositifs, en premier bilan des expérimentations des deux premières semaines.

bilan1-image

Jour 24: Mes « trucs & astuces »!

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Jour 30: Ce soir, LANCEZ-MOI DES DEFIS ! Proposez-moi des situations avec deux personnages qui peuvent être représentées avec une seule image. Les personnages peuvent être en interaction (ex : A discute avec B, A pète les dents de B…) ou non (ex : A et B admirent la mer). Evitez si possible de répéter une situation donnée par une personne avant vous : si quelqu’un a proposé « A offre un bouquet de fleurs à B », une proposition comme « B offre une truelle à A » fera doublon. Soyez fous!

strip-appel

Jour 31: Le compte-rendu du jour est déprimant. Ca fait deux semaines que j’ai fini de constituer ma « boîte à dispositifs » pour le projet « Les Entropiques », et depuis rien de rien, je tourne en rond, mon cerveau est vide, rien ne vient… J’ai pu profiter de ce temps pour bosser sur d’autres choses qui étaient mises de côté depuis longtemps ou totalement imprévues (un plug-in jquery perso, mes planches pour le prochain numéro de Gorgonzola, une interview, me plonger dans certaines oeuvres) et faire des rencontres stimulantes, mais en ce qui concerne le projet qui motive ma venue ici, RIEN. J’en viens à me demander si le modèle de la résidence est bien adapté à mon fonctionnement. Il est beaucoup trop erratique : les choses viennent quand elles ont décidé de venir, elles ne se soucient pas de savoir si elles ont des dates bien précises à respecter. Ou peut-être ce blocage vient-il du fait que je sois venu ici non pour travailler sur un projet déjà clairement défini mais pour en commencer un nouveau? Le plus énervant là-dedans, ce n’est pas cette situation, c’est ce qui risque d’arriver, comme à chaque fois : vendredi 25, à la veille de mon départ, des tas d’idées fuseront dans tous les sens dans mon cerveau alors que je n’aurais plus avant longtemps d’occasions comme celle-là de pouvoir m’y consacrer !

(Ce compte-rendu a été suivi d’un long échange sur Facebook, dont un des fils de discussion a réunit Philippe Marcelé, Thierry Smolderen, Lou Rhin, Joseph Béhé et moi-même. J’y mentionnais mes blocages du moment, et que je rencontre par ailleurs trop souvent: autant je m’amuse comme un petit fou à imaginer toutes sortes de dispositifs interactifs, autant je n’ai rien à mettre dedans, pas de contenu, pas d’histoire, ils tournent à vide, et c’est angoissant! Il a donc été question des risques auxquels on s’expose dans une pratique artistique dite de « laboratoire », qui vise à explorer tout le potentiel d’un médium de manière artificielle et en oubliant souvent de le rattacher au sensible…)

Jour 35: Imaginez une bande dessinée dont les cases comporteraient des zones transparentes et seraient (dés)empilables…

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Jour 39 : Mon cerveau, cette vaste blague. On lui donne 6 semaines pour bosser sur un projet, il se braque. Et puis 3 jours avant la fin, 2h30 du mat’, un de ces déclics nocturnes dont il a le secret qui pourrait bien débloquer… un tout autre projet, coincé depuis l’été à sa trente-et-unième page.

Jour 40: Dernier jour. Bon bah… une image du tout autre projet alors, vu que j’ai intégralement remanié ses 31 premières pages depuis hier.

chant

Cette chronologie n’est pas exhaustive. Elle ne reprend pas l’intégralité des dispositifs testés ni les versions approfondies de certains de ceux présentés ici. De plus, elle ne rend compte que de ce qui est « montrable » à travers des images et pas de la réflexion. Le bilan reste malgré tout très mitigé car je n’ai pas su utiliser ce temps… Outre les raisons évoquées en jours 31 et 35, il faudrait en ajouter une plus personnelle: l’isolement à la campagne pour « trouver l’inspiration » n’était pas le bon format de résidence pour moi à cette période-là. Mais cela, je ne pouvais pas le prévoir au moment où j’ai accepté l’invitation du CLL il y a plusieurs mois! A défaut d’avoir « trouvé l’inspiration » pour Les Entropiques, j’ai quand même avancé sur des choses, connexes ou sans aucun lien (voir jours 31, 39 et 40). En ce qui concerne Les Entropiques, mon hypothèse de travail était beaucoup trop embryonnaire pour cette résidence. Même en forgeant des contraintes de création, celles-ci étaient encore trop vagues pour devenir « productrices », selon le terme consacré. Je rentre quand même avec une douzaine de nouveaux dispositifs interactifs auxquels je finirais bien par trouver une utilité (probablement de manière inattendue!) et le thème de l’entropie travaille toujours quelque part dans ma tête.

Résidence de création numérique

Je pars demain pour six semaines de résidence organisée par le Centre du Livre et de la Lecture Poitou-Charentes. Je reproduis ci-dessous la petite présentation faite sur le site:

Un nouvel auteur en résidence de création numérique

Anthony Rageul sera du 17 octobre au 26 novembre 2016, en résidence de création numérique BD.

Anthony Rageul, Tony de son nom d’auteur, résidera à côté de Poitiers pendant 6 semaines pour travailler à son nouveau projet BD numérique: Les entropiques. Chercheur, auteur de bande dessinée, il est spécialisé dans la BD numérique.

Il vit en Ille-et-Vilaine.

Il sera présent également pour des ateliers et des rencontres publiques pendant sa résidence.

« Le temps de la résidence ne sera pas celui de la finalisation ni de la réalisation complète d’une oeuvre, mais celui de la gestation et de l’écriture d’une oeuvre qui restera à réaliser. En menant une série d’expérimentations, je me fixe trois objectifs durant ce temps : écrire un scénario aussi abouti que possible, ébaucher un storyboard, fixer les choix de technologies. »

L’an dernier c’est Olivier Philipponneau qui a inauguré la résidence de création numérique organisée par le Centre du livre et de la lecture.

Bac+27324km

Depuis presque un an (et après dix ans d’études!), c’est le job de chauffeur-accompagnateur de personnes handicapées qui me permet de vivre. Alors youpi, j’ai bricolé quelques visualisations de mes circuits de septembre:

Les circuits de septembre 2016: 2484 kms.
Les circuits de septembre 2016: 2484 kms.
recadrage
Recadrage de l’image précédente. On reconnaît les voies et noeuds principaux, mais c’est désormais la fréquence de mes passages qui détermine leur importance.
Version gif animé.
Version gif animé.
Circuit le plus court du mois: 50 kms.
Circuit le plus court du mois: 50 kms.
Circuit le plus long du mois: 206 kms.
Circuit le plus long du mois: 206 kms.
Avec un peu de couleur...
Avec un peu de couleur…
Recadrage de l'image précédente.
Recadrage de l’image précédente.
Recadrage.
Recadrage.
Recadrage.
Recadrage.
Recadrage.
Recadrage.
Tri par kilométrage: magenta = 50-59 kms; bleu = 60-69 kms; cyan = 70-79 kms; vert = 80-89 kms; jaune = 90-99kms; rouge = 100-109 kms; blanc = >109kms.
Tri par kilométrage: magenta = 50-59 kms; bleu = 60-69 kms; cyan = 70-79 kms; vert = 80-89 kms; jaune = 90-99kms; rouge = 100-109 kms; blanc = >109kms.
Variantes d'un même circuit
Variantes d’un même circuit (selon usagers à desservir, conditions de circulation, etc.).
Recadrage de l'image précédente.
Recadrage de l’image précédente.
On peut s'amuser à obtenir des dessins abstraits en modifiant les paramètres des tracés (ici à partir de trois circuits). Les possibilités sont infinies.
On peut s’amuser à obtenir des dessins abstraits en modifiant les paramètres des tracés (ici à partir de trois circuits). Les possibilités sont infinies.
Pour finir, le fond de carte que j'ai utilisé, reconstitué à partir de Google Maps.
Pour finir, le fond de carte que j’ai utilisé, reconstitué à partir de Google Maps.

Les Monstres d’Amphitrite, making-of d’une bande dessinée numérique (8): quelques chiffres

Huitième et dernier billet du making-of des Monstres d’Amphitrite, avec quelques chiffres qui vont me mener à une ou deux réflexions rapides sur le financement du projet, autre aspect de la création.

250 : le nombre total de cases qui s’affichent successivement dans les quatre emplacements.

11 : le nombre de fichiers dont est constitué le site, sans inclure les images. Cela comprend les fichiers php, css et js (dont le plug-in jQuery animate-colors) et la police de caractère utilisée pour la barre de menu. On pourrait porter ce nombre à 12 en comptant le framework jQuery qui est implémenté depuis les serveurs de Google.

130 : nombre de lignes de code du script principal. Je suis un tout petit joueur. Il est réduit à 1930 caractères tenant sur une seule ligne dans la version minifiée utilisée en production. (Je ne comprends toujours pas comment ça marche !)

12 : heures par jour, pendant 3 semaines, c’est le temps qu’a pris la réalisation effective. La gestation et les essais ont en réalité commencé environ 6 mois plus tôt.

13 : nombre d’images créées par jour en moyenne, en tenant compte d’un jour de repos par semaine. C’est beaucoup : il est évident que cela serait difficile avec une technique de dessin plus traditionnelle (pas impossible toutefois avec un trait rapide). C’est de toutes façons trop de travail vis-à-vis du budget accordé à ce projet. En pleine « affaire » Pepper&Carrot (dont Xavier Guilbert et Julien Baudry livrent chacun une synthèse) et face à la paupérisation de la profession ou encore à la question récurrente des auteurs-débutants-prêts-à-tous-les-compromis-et-tirant-les-prix-vers-le-bas, je dois bien avouer que je ne me soucie pas assez du montant de mes rémunérations. D’abord parce que je suis incapable de me formater pour rentrer dans un budget donné d’avance, même si j’avais clairement posé au commanditaire un certain nombre de limites pour Les Monstres d’Amphitrite. D’autre part, parce que ce n’est pas ma source de revenu principale : je mène mes projets comme je l’entends, sans même chercher à ce qu’ils soient payés. Si quelqu’un est prêt à y mettre un peu d’argent, je ne dis pas non, et c’est tant mieux. Mais si j’attendais que l’on m’octroie des sommes correctes, soit je ne ferais jamais les projets qui me tiennent à cœur, soit j’en réduirais toujours les ambitions (au profit de la frustration) pour rentrer dans un budget donné… Deux perspectives aussi peu attrayantes l’une que l’autre…

4 : Le nombre de chiffres du montant de la rémunération, perçues en droits d’auteur. Dans un contexte d’absence de modèle économique qui fasse école pour la bande dessinée numérique, j’aimerais dire deux mots de la voie peu usitée que prend ce projet. Bien que je ne sois pas spécialiste de cette question, je crois pouvoir identifier aujourd’hui un certain nombre de source et modalités de revenus ou de financement pour la bande dessinée numérique : l’achat ou l’abonnement par le lecteur, les différentes formes de financements participatifs et de souscriptions par le public, et les différentes formes de mécénat et de production par différentes entreprises publiques ou privées de la presse et de l’audiovisuel. (Je n’inclus pas dans la liste l’édition traditionnelle, car c’est le papier qui y est rémunérateur, et pas directement le numérique.) Les Monstres d’Amphitrite entre dans un autre schéma : celui de la commande publique, plus proche de l’art contemporain, bien que le commanditaire (Mediatem) fasse partie des acteurs du livre. (Je dois préciser que le schéma originel était celui d’une résidence, avec un financement type bourse de création, mais la durée prévue ne me permettant pas de créer sur place, il s’est finalement bien plus apparenté à une commande.) Etrangement, je n’ai encore jamais bénéficié d’un circuit « normal », que ce soit celui de l’édition traditionnelle ou l’un de ceux listés ci-dessus pour la bande dessinée numérique. Ainsi, Ma Visite à la Maison de Santé relevait aussi de la commande publique. Le financement de la bande dessinée numérique peut donc aussi emprunter ces voies un peu moins habituelles que sont la bourse de création/résidence et la commande publique, dans le circuit de l’art contemporain. D’ailleurs, je vais bientôt en bénéficier de nouveau… A suivre…

Pour terminer, j’espère que ce making-of a pu être instructif. Je vous invite d’ailleurs à me faire part de vos retours, notamment de tous les auteurs et créateurs qui appréhendent l’aspect technique du numérique qui ont pu me lire et que j’espère avoir d’une certaine manière rassurés.

Les Monstres d’Amphitrite, making-of d’une bande dessinée numérique (7): Le retour du code!

Septième et avant-dernière partie de ce making-of et qui signe… le retour du blabla sur le code ! Il faut en effet oublier mes deux autres billets consacrés au code (billet 3 et billet 4)… Ou plutôt : il ne faut pas oublier les propos que j’y tiens mais le code que j’y présente car… ô douloureuse surprise, j’ai découvert en cours de réalisation du projet qu’il ne fonctionnait pas en conditions réelles ! C’est mon absence éhontée de logique qui m’a perdu dans les conditions de passage au chapitre ou à la case suivante. Bref, le seul code valide est celui que je présente aujourd’hui, tel qu’il est utilisé actuellement par le site.

Outre partager l’intégralité du script principal qui gère le fonctionnement des Monstres d’Amphitrite, je voudrais aussi poursuivre l’approche pédagogique des précédents billets. Après avoir retracé les opérations mentales de mise en place du code, j’aimerais continuer de développer ma réponse à la question « je comprends rien en informatique, comment ça marche tes trucs ? » Toujours à mon niveau de petit bricoleur, je tente ci-dessous d’expliquer ce que je comprends de ce qu’est un programme informatique à tous ceux qui n’en ont pas la moindre idée ! Vous me direz si le pari est relevé…

Petit mode d’emploi de ce billet : j’introduis plus ou moins longuement chaque partie de mon script, puis le script lui-même est truffé de commentaires (en orange) qui le détaillent ligne par ligne.

C’est parti !

L’objectif principal du programme est d’afficher la bonne case au bon moment au bon endroit au fil des clics du lecteur, et le faire changer de chapitre s’il y a lieu. Il va également déclencher divers événements annexes telles que le clignotement des contours de case. Pour assurer ces missions, le programme doit en permanence savoir « où on en est », c’est-à-dire quelle case est affichée à l’instant t, quelle sera la suivante, etc. A chaque clic du lecteur, ces paramètres évoluent. Pour le programme, ce sont des valeurs qui varient dans le temps de l’exécution : des variables. En premier lieu, on initialise les variables principales du programme : certaines se voient attribuer une valeur de départ qui changera au cours de l’utilisation, certaine se voient attribuer une valeur qui ne changera pas, enfin certaines sont encore vides et ne se verront attribuer de valeurs qu’ultérieurement au cours de l’utilisation. Pour les Monstres d’Amphitrite, nous avons besoin des variables suivantes :

var count = 0,//compteur de cases: indique le numéro de la case en cours à l'instant t
//
//tableau des listes de cases indiquant leur ordre d'activation et d'affichage 
successif pour chaque chapitre:
strList = [
   ['B A B A B A B A B C D'],
   ['B B A A A B D D B A B C A C D A B C D D D'],
   ['A A D B A B D C D B A A B D'],
   //choix multiple chapitre 3, une liste pour chacune des deux branches possibles:
   ['B B A C D B A D A D A D A D B D B D B D B D B D B B B B A B B A A A A B A B A 
   A A A A A A B B B A C D',
   'A A B B B D D D D C C C C A A A A B B B B B D D D D C C C C A A A A B B B B D 
    D D D C C C C A A A A B B B B D D D D C C C C A A A B B B D C'],
   //
   ['A A C C C D D D A C A D C D D B B D D A A C C C D C C C B A C C D'],
   ['A A A C A C A C A C A C B D B D B D B B B B D B D B D B D B D']
],
//
order = [],//servira le moment venu au stockage provisoire en mémoire de la liste 
de cases du chapitre en cours à l'instant t
img,//servira à stocker un objet image
choice = 0,//initialisation du nombre de choix de parcours possibles, par défaut zéro
timer;//sera utilisée pour les clignotements des cases
 

Le programme comporte ensuite un certain nombre de fonctions, c’est-à-dire plusieurs séries d’instructions qui vont être exécutées (ou « jouées », si on veut) à divers moments de la lecture, soit en fonction de la valeur de telle ou telle variable, soit en fonction d’une action du lecteur sur l’interface. Chaque fonction pourra être exécutée autant de fois que nécessaire durant l’utilisation.

Une première fonction va permettre d’adapter la taille des cases à la taille de la fenêtre du navigateur. Cette fonction va être déclenchée une fois au début de chaque chapitre, et également à chaque fois que le lecteur redimensionnera la fenêtre du navigateur. Rien de bien sorcier dans cette fonction : le programme récupère les dimensions de la fenêtre, puis il recalcule proportionnellement les dimensions des cases. Ce calcul se fait en deux temps et nécessite l’utilisation d’une condition : si la fenêtre est plus large que haute, les cases seront redimensionnées selon un premier calcul, si la fenêtre est plus haute que large, elles seront redimensionnées selon un second calcul. Comme les mots-clés des conditions sont en anglais dans ce langage (if…else), c’est plutôt facile à comprendre:

function redim() {
    //
    //récupération des dimensions de la fenêtre, moins les marges et menus:
    var largeur = $(window).width();
    var hauteur = $(window).height()-45-$('#footer').height();
    //
    //calculs des nouvelles dimensions des cases:
    if (largeur >= hauteur) {//si la fenêtre est plus large que haute
       var htrCase = hauteur*45/100;//nouvelle hauteur des cases = 45% de la hauteur 
       de la fenêtre
       if (htrCase>=400) {
          htrCase = 400;
       }//hauteur maximale des cases limitée à 400px
       var lrgCase = htrCase*500/400;//nouvelle largeur des cases proportionnelle à 
       la nouvelle hauteur
       $('.strip img')
       .css('height', htrCase)
       .css('width', lrgCase);//application des nouvelles dimensions à l'image
    } else {//ou (si la fenêtre est plus haute que large)
       var lrgCase = largeur*45/100;//nouvelle largeur des cases = 45% de la largeur 
       de la fenêtre
       if (lrgCase>=500) {
          lrgCase = 500;
       }//largeur maximale des cases limitées à 500px
       var htrCase = lrgCase*400/500;//nouvelle hauteur des cases proportionnelle à 
       la nouvelle largeur
       $('.strip img')
       .css('height', htrCase)
       .css('width', lrgCase);//application des nouvelles dimensions à l'image
    }
}
//
$(window).resize(redim);//exécution de la fonction redim() lors des redimensionnements 
de la fenêtre par l'utilisateur

La fonction qui suit n’est exécutée qu’une seule fois au début de chaque chapitre ; c’est pourquoi je l’ai appelée init(). Elle sert à assurer le bon affichage de la page et à définir certains paramètres propres au chapitre qui commence et que le programme a besoin de connaître (encore des variables !). Elle active enfin le clignotement de la première case cliquable et le préchargement de l’image suivante en exécutant ou appelant des fonctions que l’on va voir après.

function init() {
    //
    redim();//exécution de la fonction redim()
    //
    //définition du nombre de choix de parcours possibles pour les chapitres concernés:
    if (seq==2) {//note: la variable seq indiquant le numéro du chapitre en cours est 
    définie dans un autre fichier 
       choice = 2;
    }
    // 
    //récupération de la liste de cases correspondant au chapitre en cours 
    parmi les listes établies auparavant:
    order = strList[seq][folder].split(' ');//note: la variable folder indiquant le numéro
    du sous-dossier contenant les images est définie dans un autre fichier
    //
    $('#'+order[count])//définition de la case active...
    .css('cursor', 'pointer')//...des pointeurs de souris correspondants (la souris se 
    transforme en main quand on survole la case active)...
    .on('click', next);//...et appel de la fonction next() permettant le passage à la
    suite lors du clic
    preload(count+1);//préchargement de la case suivante
    //
    // clignotement de la case active:
    $('#'+order[count]).addClass('anim');//ajout d'un élément permettant au programme de 
    reconnaître quelle case est active et doit clignoter
    wink(100);//appel de la fonction wink(): le paramètre entre parenthèses indique 
    qu'elle sera jouée 100 fois 
    //
 }
 //
 init();//lancement du chapitre!

La fonction init() appelle notamment la fonction wink() qui assure le clignotement de la case actuellement cliquable. Il s’agit d’un changement de couleur progressif du contours qui est répété en boucle un certain nombre de fois afin de produire un effet de clignotement. Le nombre de fois que l’animation sera jouée est déterminée lors de l’appel à la fonction : j’ai choisi de la faire jouer 2 fois sauf pour la première case du chapitre ou en cas de choix multiples où elle est jouée 100 fois; afin de permettre au lecteur de se repérer en prendre ses marques, notamment quand la modalité d’interaction change soudainement de la convention fixée depuis le départ.

function wink(loop) {//le paramètre loop indique le nombre de fois que l'animation sera jouée
   //
   //définition d'une animation en boucle:
    //
    var j=0;
    //une fonction dans la fonction précise les instructions pour le clignotement:
    function anim() { 
       $('.anim')
       //la couleur du contours varie 4 fois de manière progressive sur une durée 
       de 100 millisecondes:
       .animate({borderColor:'#DDDDDD'}, 100)
       .animate({borderColor:'#000'}, 100)
       .animate({borderColor:'#DDDDDD'}, 100)
       .animate({borderColor:'#000'}, 100);
       j++;
       if (j<loop) { 
          timer = setTimeout(anim, 1000);//la fonction anim() est rejouée toutes les 
          secondes jusqu'à avoir été répétée le nombre de fois prévu
       }
    }
   anim();//la fonction anim() est déclenchée une première fois 
}

La fonction centrale sur laquelle tout repose est celle qui donne les instructions à suivre au moment où le lecteur clique sur une image. Faut-il afficher l’image suivante ou faut-il changer de chapitre ? Quelle image faut-il afficher à cet instant ou à quel chapitre faut-il passer ? Pour le déterminer, cette fonction vérifie les valeurs des variables qu’on a initialisées en début de programme, puis en actualise les valeurs après avoir effectué son travail. Ainsi, lors du clic, les variables changent de valeur et le programme saura toujours « où on en est » lors du clic qui suivra, etc. Une première série d’instructions fait en sorte de rendre « inactive » la case sur laquelle le lecteur vient de cliquer : logique puisque c’est la case suivante qui doit prendre le relais. Une seconde série d’instructions vérifie et assure les passage à la case ou au chapitre suivant et rend active la case qui doit le devenir.

function next() {
   //
    // "désactivation" de la case sur laquelle le lecteur vient de cliquer:
    $('.anim').removeClass();//retrait de l'élément permettant au programme d'identifier
    la case cliquée comme "active" 
    clearTimeout(timer);//arrêt du clignotement de la case cliquée
    $(this)
    .css('cursor', 'auto')//réinitialisation du pointeur de la souris sur la case cliquée
    .off('click', next);//désactivation du clic
    count++;//ajout de 1 au compteur de case 
    //
    //vérifications du remplissage des conditions requises pour passer à la case ou au 
    chapitre suivant et exécution des instructions en conséquence:
    //
    if (count>=order.length-choice) {//si le compteur de cases indique un numéro supérieur
    ou égal au nombre total de cases du chapitre...
       //
       //...alors exécution des instructions de fin de chapitre:
       seq++;//ajout de 1 au compteur de chapitres
       //
       if (choice>0) {//si le chapitre actuel se termine par un choix de parcours...
          //
          //...les x dernières cases affichées deviennent actives et clignotantes (x correspondant 
          au nombre de parcours possibles):
          for (j=0, i=count; i<=order.length; i++) {//pour toutes les cases concernées...
             $('#'+order[count]).addClass('anim');//...ajout d'un élément permettant au programme de 
             l'identifier comme "active"
             var a = '<a href="index.php?s='+seq+'&f='+j+'"/>';//...préparation d'un hyperlien vers
             la page correspondante...
             $('#'+order[count])
             .css('cursor', 'pointer')//...définition des pointeurs de souris...
             .wrap(a);//...et tranformation de la case en hyperlien
             count++;//ajout de 1 au compteur de cases
             if(j<choice) {
                j++;//répétition de ces instructions pour toutes les cases concernées
             } 
          }
          wink(100);//exécution de la fonction wink() pour 100 clignotements pour toutes les 
          cases concernées
          //
      } else {//sinon (= si le chapitre ne se finit pas par un choix de parcours)...
          //
          //...alors accès direct au chapitre suivant:
          location.href = 'index.php?s='+seq+'&f=0';
       }
       //
    } else {//sinon (= si le compteur de case n'indique pas un nombre supérieur ou égal au 
       nombre total de cases du chapitre)...
       //
       //...alors exécution des instructions d'affichage de la case suivante:
       //
       if (count>=order.length-choice-1 && seq>=strList.length-1) {//Si le compteur de cases 
          indique un nombre supérieur ou égal au nombre de cases du chapitre et si le compeur 
          de chapitres indique un nombre supérieur ou égal au nombre total de chapitres...
          //
          //...alors exécution des instructions de fin de l'histoire:
          $('#'+order[count]).attr('src', img.src);//affichage de la dernière image
          //
       } else {//...sinon...
          //
          //...affichage et activation de la case suivante: 
          $('#'+order[count]).addClass('anim');//ajout d'un élément permettant au programme 
          d'identifier la case comme "active"
          wink(2);//exécution de la fonction wink() pour 2 clignotements
          $('#'+order[count])
          .attr('src', img.src)//affichage de l'image suivante
          .css('cursor', 'pointer')//définition des pointeurs de souris
          .on('click', next);//appel à la fonction next() lors du clic sur la case active
          preload(count+1);//préchargement de l'image qui viendra après
       }
    }
 }

Il ne reste plus qu’une toute petite fonction : celle qui sert à précharger les images et qui a déjà été utilisée à plusieurs reprises :

function preload(i) {//le paramètre i indique le numéro de l'image à précharger
   img = new Image();//création d'un objet image
   img.src = 'images/SEQ'+seq+'/'+folder+'/'+i+'.png';//chargement de l'image dans l'objet image;
   le navigateur considère alors qu'il y a une image à charger dans le cache même si elle n'est
   pas immédiatement affichée à l'écran
 }

Si vous n’avez pas compris un traître mot de ce que je raconte, j’ai raté mon pari… Ne renoncez pas pour autant à la lecture du prochain billet: quelques remarques en guise de conclusion.

Les Monstres d’Amphitrite, making-of d’une bande dessinée numérique (6): Dessin

Sixième volet du making-of des Monstres d’Amphitrite avec un point sur le dessin, en deux temps : d’abord un retour rapide sur mon utilisation du pictogramme et ma pratique du dessin vectoriel, puis quelques points propres à ce projet.

La technique que j’emploie peut surprendre: je dessine en me passant totalement de la « gestuelle » traditionnelle du dessin, qu’elle soit celle du crayon sur le papier ou du stylet sur la tablette. J’utilise uniquement la souris, non pour tracer quoi que ce soit, mais, du bout du pointeur saisir, déplacer et modifier des tracés point par point. Mes personnages sont en réalité des squelettes, exactement comme on peut se figurer des squelettes de personnage en 3D, sauf qu’ils sont en 2D.

Course de squelettes...
Course de squelettes…

Au fil du temps et des bandes dessinées réalisées, j’ai tant accumulé de squelettes dans toutes les positions et d’objets et éléments de décor divers que je n’ai plus qu’à piocher dans cette réserve et à copier-coller à tout-va ! Quand cela est nécessaire, je crée de nouveaux pictogrammes. D’ailleurs, pour Les Monstres d’Amphitrite, il y a une quantité non négligeable de pictogrammes inédits !

Pictogrammes inédits réalisés pour Les Monstres d'Amphitrite.
Pictogrammes inédits réalisés pour ce projet.

Voilà pour ce qui était des généralités. Les Monstres d’Amphitrite voit apparaître certaines particularités de traitement. La première est évidemment le fait que la planche est en évolution permanente : tout le jeu de juxtaposition des cases ne se joue plus seulement dans l’espace de la page, mais aussi dans le temps de la lecture. Dans le billet précédent, on voit comment je procède pour le storyboard par empilement de post-it. Je fais un peu la même chose dans mes fichiers images. En réalité, un seul fichier par chapitre contient toutes les cases et combinaisons possibles du chapitre en question. Chaque case est dessinée sur un calque distinct (empilement). Je travaille la composition sur l’ensemble de la planche grâce à l’utilisation de quatre plans de travail, correspondant aux quatre emplacements prévus pour les cases (juxtaposition). L’outil « plans de travail » disponible dans cette version du logiciel a également un autre avantage considérable : chacun de ces plans de travail peut être exporté séparément. Je peux donc composer l’image sur l’ensemble de la planche et dessiner des formes chevauchant les cases tout en exportant séparément chacune des cases.

Deux exemples d'utilisation des calques (empilement) et des plans de travail (juxtaposition).
Deux exemples d’utilisation des calques (empilement) et des plans de travail (juxtaposition).

Deuxième particularité, l’usage de trames. C’est quelque chose qui est apparu il y a un peu plus d’un an dans mes bandes dessinées papier : je voulais redonner de la matière, de la texture à mes dessins, tout en conservant un côté mécanique. Quelque chose qui soit « crade », mais néanmoins machinique. Dans les Monstres d’Amphitrite, j’avais aussi besoin de masses dont je puisse me servir pour équilibrer la composition, dans la mesure où de nombreux déséquilibres apparaissaient dans les cases puisque je composais au niveau de la planche. Enfin, l’usage des trames permet de produire des effets « expressifs ».

Usage des trames.
Usage des trames.

Troisième et dernière particularité, l’inclusion d’éléments dessinés à la main. Cela fait maintenant un certain temps que j’introduis ici ou là des éléments dessinés à la main dans mes bandes dessinées. Ici, j’ai restreint cette utilisation aux emanatas et à la typographie. Cela rompt le côté mécanique pour un résultat plus expressif. Cela a été plutôt difficile à gérer puisque je ne me rappelais plus du tout de la manière dont j’avais réussi à résoudre le problème des effets d’aliasing dans un précédent projet. Du coup, je n’ai jamais pu trouver une façon de faire durable et j’ai changé pour chaque chapitre, avec un résultat assez aléatoire, qui ne me satisfait pas beaucoup…

Montage de quelques scans d'éléments dessinés à la main avec des crayons sur du papier.
Montage de quelques scans d’éléments dessinés à la main avec des crayons sur du papier.

Voilà en ce qui concernait le dessin. Les deux prochains billets vont clore ce making-of.

Les Monstres d’Amphitrite, making-of d’une bande dessinée numérique (5): Ecriture et storyboard

Après une longue interruption, voici enfin la suite du making-of des Monstres d’Amphitrite. Il me sera d’ailleurs plus facile d’en parler maintenant que le projet est sorti (si vous ne l’avez pas encore vu, c’est là!) sans craindre de trop en dévoiler. Dans ce billet, il sera question de l’écriture et du storyboard et, au-delà de ça, des différents phases que je traverse lors de la gestation d’un projet de ce type.

D’abord, il est important pour comprendre la suite de dire que la gestation du projet a démarré quelques mois en amont : dès l’automne 2015, j’ai testé des outils, en particulier la librairie jCanvas, excellent outil que j’ai finalement abandonné mais auquel je reviendrai très certainement. Et dès l’automne, j’ai commencé à réfléchir au projet, tranquillement, sans rien poser sur le papier. Durant cette phase, un problème a émergé peu à peu…

Avant de commencer, il faut aussi rappeler que j’ai prédéterminé en amont une interface bien particulière, que j’ai présenté dans le deuxième billet de ce making-of. En ce qui concerne les raisons de ce choix (improvisation, gestion du temps, parcours multiples possibles), je renvoie au même billet. Au final, je me trouve confronté à une contrainte forte : l’histoire, quelle qu’elle soit, devra s’inscrire dans ce dispositif particulier que j’appelle « planche évolutive ».

L’idée était de me laisser aller à l’improvisation à l’intérieur de ce cadre. Une première phase a donc consisté, sans véritablement savoir où j’allais, à storyboarder directement des séquences, encore non reliées entre elles. C’est une mise en scène très directe, très rapide, à grands coups de crayon, d’intuitions diverses. En voici quatre exemples au format gif animés :

Recherche pour une séquence introductive.
Recherche pour une séquence introductive.
Autre recherche pour une séquence introductive.
Recherche pour une séquence introductive.
Recherche pour l'apparition des monstres.
Recherche pour l’apparition des monstres.
Recherche pour l'apparition des monstres.
Recherche pour l’apparition des monstres. Ces deux derniers exemples préfigurent déjà largement la version définitive, avec cette lecture circulaire.

Dès les tous premiers instants de cette phase de recherche, le problème qui me travaillait dès le début de ma réflexion quelques mois plus tôt s’est fait plus insistant. Initialement, le projet devait consister en une adaptation de la légende du Lion de Terre et du Lion de Mer, qui donne une origine mythologique aux deux îlots du même nom au large de Saint Raphaël. Mais face à mon rapport douloureux à l’actualité et face à une déconfiture dans ma vie personnelle, cette idée me paraissait de plus en plus vaine : j’avais autre chose à raconter qu’une énième fiction. Dès lors, pour la première fois, le projet allait devenir en partie autobiographique, tout en conservant la trame originelle de la légende. J’avais envie de savoir, expérimentalement, ce qui allait se produire quand les événements précités entreraient en collision avec le scénario antique. C’est à partir de cette décision radicale que le projet démarre vraiment.

Parallèlement aux premiers storyboards, je peaufinais le code et faisais plusieurs bouts d’essai (je renvoie à nouveau au billet n°2 pour un exemple au format gif animé). Ce qui ressortait de toutes ces recherches ne me convenait pas mais je ne savais pas encore pourquoi. C’est là qu’intervient ce que j’appelle l’inspiration ou je ne sais quel genre de déclics. En l’occurrence, il en a fallu trois. Le premier concerne la forme : cette grille de 3×3 cases me posait problème. Elle complexifiait beaucoup l’écriture alors que j’avais peu de temps, et elle rendait la mise en forme du propos très mécanique. Le déclic soudain a consisté à resserrer à une grille de 2×2 cases : outre le gain d’efficacité, j’ai pu entrer pleinement dans des jeux visuels beaucoup plus poétiques. Le second déclic découle directement du premier : j’ai accepté douloureusemment de renoncer à « superposer » l’histoire à une carte du golfe de Fréjus, levant ainsi une énorme contrainte formelle. A noter que je m’étais fixé cette contrainte pour jouer avec la légende, qui explique que la naissance des deux îlots est due à Poséidon, qui aurait figé là les deux monstres. Le troisième déclic concerne l’histoire : tous les premiers jets disparates et les diverses idées restant encore à l’état de vue de l’esprit se sont soudainement assemblées de manière claire :

Un déclic en plein sommeil: au milieu de la nuit, je jette en quelques secondes sur le papier le fil rouge de toute l'histoire.
Un déclic en pleine nuit: je me réveille en sursaut, jette en quelques secondes sur le papier le fil rouge de toute l’histoire et retourne me coucher.

A partir de là, tout ne coule pas de source, mais le projet prend un rythme beaucoup plus soutenu. Je commence la réalisation des premières séquences dans leur forme définitive tout en continuant parallèlement le storyboard des séquences suivantes. Je bosse environ 12 heures par jour et boucle tout le projet en un peu moins de trois semaines (alors que la phase de gestation et les premières recherches décrites ci-dessus se font par micro-bonds disséminés sur environ six mois). J’inaugure un nouvel outil pour le storyboard : rien de tel que des post-it pour improviser librement ! Ils me permettent de jouer avec les jeux visuels et l’agencement des cases tout en facilitant grandement les repentirs.

L'ensemble du storyboard tient dans sept petits paquets de post-it.
L’ensemble du storyboard tient dans sept petits paquets de post-it. Ci-dessous, storyboard intégral en vidéo:

Je crois que les images sont assez claires. Les changements de couleurs de post-it trahissent les innombrables repentirs. Les post-it fluos sont issus de versions anciennes de certaines séquences et ont été recyclés dans les séquences définitives (c’est particulièrement net dans le passage du monstre blanc). C’est ce que je voulais dire quand je disais que tout ne coulait pas de source : je n’ai pas pu compter le nombre de versions de chaque séquence tant il y en a eu. Pour preuve :

Les chutes : toutes ces cases ont un jour fait partie d'une version des Monstres d'Amphitrite puis en ont finalement été exclues.
Les chutes : toutes ces cases ont un jour fait partie d’une version des Monstres d’Amphitrite puis en ont finalement été exclues.

Voilà tout pour ce billet. La prochaine fois, on parlera de dessin vectoriel !